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Mes élucubrations

Textes humoristiques, rébus, poèmes, mots croisés, etc.

Aimé Aubier

 

Né à Valence le 28 Mars 1628, Aimé Aubier, que rien ne prédisposait à devenir inventeur, était le fils d'un cantonnier de la ville.

Très jeune, en suivant son père dans les rues et les parcs de la ville, il jouait souvent au bord des canaux, à faire flotter de petites branches d'arbres.

Il remarqua vite que le courant emportait les petits morceaux de bois très rapidement vers l'aval, et commença à imaginer que l'on pourrait bien exploiter cette énergie indéfiniment renouvelable.

Certes, il avait déjà vu fonctionner des moulins à vent sur les collines dauphinoises, mais, bien que la vallée du Rhône soit l'une des régions les plus ventées du royaume de France, il s'aperçut que, les jours de grand calme (même rares), leurs ailes demeuraient immobiles.

L'énergie éolienne ne lui paraissant donc pas aussi fiable que ce que les meuniers pouvaient espérer, il fit très tôt le rapprochement avec une énergie hydraulique inépuisable.

Il tenta d'exposer son idée à son père et à quelques autres membres de sa famille, qui ne le prirent pas au sérieux: que pouvait bien connaître de la force de l'eau un gamin d'à peine dix ans?

Faisant fi de leurs moqueries, il entreprit de fabriquer un modèle réduit de son invention, en plaçant un petit bâton sur lequel il avait fixé quatre morceaux d'écorce de bouleau sur deux petites fourches prélevées sur un arbuste au bord de l'un des canaux.

Il ne lui restait plus qu'à placer le moulinet dans le courant: il observa alors que le courant entraînait une rotation rapide du moulinet.

Il fit part de cette expérience à son père et à ses oncles, et les invita à venir constater le résultat.

L'un de ses oncles, pas très honnête, s'empressa de s'approprier l'invention, et construisit une roue de bien plus grand diamètre, qu'il plaça au milieu d'un canal, mettant au point tout un système de roues dentées, de courroies et de poulies, qui pouvaient entraîner une meule: le premier moulin à eau était né!

L'invention fut bientôt baptisée "Roue à Aubier", et l'oncle malhonnête construisit, à l'identique, de nombreux moulins, dont il ne reste aujourd'hui que quelques ruines.

Il fit rapidement fortune, mais omit d'en faire profiter le fils du cantonnier, qui, à l'âge de douze ans, devint cantonnier à son tour, et continua de balayer les rues et les parcs de la ville, de ramasser les feuilles mortes, etc., jusqu'à sa mort, le 25 Décembre 1676.

Les meuniers dauphinois parlaient alors très vite, et le langage populaire transforma la "Roue à Aubier" en "Roue à aube", nom qu'elle a conservé jusqu'à aujourd'hui.

Aimé Aubier ne fut ni le premier ni le dernier inventeur à être spolié de l'exploitation de ses idées par un malhonnête, et mourut dans la misère, alors que son oncle devint l'un des plus riches propriétaires fonciers de la région.

Cette histoire n'a aucune morale, comme, malheureusement, bien d'autres…

 

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